À quel Dieu croyons-nous ?

Dt 4, 32-34.39-40 – Ps 32 (33) – Rm 8, 14-17 – Mt 28, 16-20

Messe de la Sainte Trinité (B)

 

Aujourd’hui, plusieurs propositions de dieux nous sont offertes à travers différents types de spiritualité. Ce fait indique que l’humanité est en quête de sens, qu’elle essaie de trouver des réponses à des questions existentielles, qu’elle tente de trouver un équilibre dans a vie, etc. Or pour nous chrétiens, Dieu est cette réponse. Mais dans le contexte actuel, à quel Dieu croyons-nous ?

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, on peut lire que le

Christ envoie les onze : « Allez ! » Par le fait même, il nous envoie, il nous met en mouvement vers…, il nous invite à être en « sortie », à vivre un passage. Toutefois, ce n’est pas une sortie de courtoisie ou touristique, mais une convocation à aller vers les autres. Pourquoi ? Pour entrer en relation ou nous permettre d’expérimenter une relation ou une véritable rencontre avec Lui. Or, ce qui aujourd’hui nous met en relation fraternelle avec le Christ, en relation filiale avec le Père, et en relation coopérative[1] avec l’Esprit, c’est le Baptême. Ainsi, lorsque Jésus invite les onze à allez, c’est pour permettre aux personnes qu’ils rencontreront d’entrer en relation avec Dieu par le baptême au nom de la Sainte Trinité. Par ailleurs, il donne une assurance : « Je suis avec vous tous les jours… » Il emploie le présent de l’indicatif et non pas le futur. Il affirme être là, mais de quelle manière ? L’Évangile reste silencieux à ce sujet. Néanmoins, Il est là ! C’est à nous de le percevoir, ainsi tout dépend de notre conception de Lui[2], et du type de relation que nous avons avec lui. À quel Dieu croyons-nous ?

À un Dieu médecin que nous prions pour avoir la santé ? À un Dieu policier que nous prions pour nous faire justice ou que nous évitons de peur qu’il ne nous punisse ? À un Dieu avocat que nous prions pour nous défendre ? À un Dieu pompier que nous prions pour éteindre le feu dans nos vies ? À un Dieu banquier que nous prions pour combler nos besoins ou résoudre nos difficultés financières ? À un Dieu cupidon que nous implorons pour avoir ou pour trouver l’amour ? À un Dieu magicien que nous prions pour résoudre tous nos problèmes dans l’immédiat ?… À quel Dieu croyons-nous ? L’Église nous propose aujourd’hui un Dieu Trinitaire, c’est-à-dire relationnel qui brule d’envie de nous nous introduire dans l’intimité de sa relation d’amour filial, fraternel et collaboratif. Nous avons besoin de l’Esprit-Saint pour comprendre le sens de cette relation.

En effet, saint Paul nous indique que c’est l’Esprit Saint qui fait de nous des fils de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui nous fait reconnaître Dieu comme Père. C’est l’Esprit Saint qui nous rend fils de Dieu avec le Christ. C’est l’Esprit Saint qui fait de nous des héritiers. Or qu’est-ce qu’un héritier ? C’est une personne qui « reçoit gratuitement », qui « ouvre les mains » pour recevoir, qui « accueille » le don offert… Voilà une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui : Nous sommes héritiers du Père avec le Christ parce que nous sommes devenus enfants de Dieu par notre baptême grâce à l’Esprit Saint. En sommes-nous conscients ? Cet héritage nous est offert gratuitement et n’est rien d’autre que l’Amour trinitaire, l’Amour du Père manifesté par le visage du Fils et agissant par la puissance de l’Esprit Saint dans le monde, particulièrement au cœur de nos vies.

Conscients, convaincus de ce qu’est le Dieu chrétien, c’est-à-dire un Dieu relationnel tel que mis en évidence par la Sainte Trinité, nous pourrons alors nous reconnaître heureux comme mentionné par le psalmiste, car avoir Dieu dans sa vie est une source de bonheur. Aussi, croire en un Dieu qui est Amour rend inévitablement heureux. Selon le psalmiste, la terre est remplie de l’Amour. Cet Amour a pour source Dieu le Père, se manifeste en Jésus le Fils et agit avec sa puissance par l’Esprit Saint.

Plusieurs images décrivent ainsi le Dieu chrétien[3]. Nous avons évoqué l’Amour, car cela illustre clairement le Dieu Trinitaire. En effet, l’Amour entendu comme étant la Sainte Trinité est « un », mais se présente de trois manières complémentaires : Source, Manifestation, Puissance. Ces trois attributs de l’Amour ne s’opposent pas, mais se complètent tout comme le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Aussi, saint Jean-Marie Vianney, Curé d’Ars, présente la Sainte Trinité ainsi : « Le Père est notre Créateur, le Fils est notre Rédempteur et le Saint-Esprit notre Conducteur[4]. » Cette représentation montre qu’il n’y a pas de séparation entre celui qui crée, celui qui restaure et celui qui guide. Voilà trois attributs distinctes et nécessaires qui décrivent d’une certaine façon « l’idée » du Dieu chrétien. L’on voit alors que Dieu n’est pas séparé et n’est pas non plus celui que nous voulons qu’il soit quand nous avons besoin : médecin, policier, pompier, avocat, banquier, cupidon, magicien, etc. Le Dieu chrétien est un Dieu relationnel, à l’instar de la Sainte Trinité, qui nous fait héritiers, c’est-à-dire participants de cette relation en nous invitant à allez vers nos frères et sœurs pour partager cette relation, pour témoigner de la joie qu’il y a à l’avoir comme Seigneur dans nos vies.

© Léandre Syrieix.

[1] Ou collaborative.

[2] C’est-à-dire de Dieu.

[3] Sainte Trinité.

[4] Bernard Nodet, Jean-Marie Vianney Curé d’Ars. Sa pensée – Son coeur, Paris, Cerf, 2006, p. 47.

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